L’éducation, l’enseignant et l’apprenant

Depuis le début du vingtième siècle, et de manière si récurrente que plusieurs critiques ont pu parler d’un « bégaiement » constitutif du discours pédagogique, il est d’usage d’opposer une « pédagogie centrée sur l’enseignant » et une « pédagogie centrée sur l’apprenant ». Dans la première, la situation serait organisée autour de la prestation du maître : celui-ci dispense des informations dont la validité scientifique et culturelle est avérée mais sans se demander d’aucune manière si elles sont adaptées à ses élèves, intégrées dans leur progression et participe de leur formation personnelle. Dans la seconde, la situation serait organisée autour de la construction par l’élève de ses propres connaissances : l’enseignant y devient une personne-ressource qui diagnostique les besoins de chacun, lui fournit les documents et exercices adaptés, l’accompagne dans un parcours individualisé. Dans la pédagogie centrée sur l’enseignant, il s’agirait de séduire ou de capter un auditoire pour l’amener à reproduire un comportement intellectuel standardisé. Dans la pédagogie centrée sur l’apprenant, on mettrait en place des contrats à partir d’objectifs négociés, avec le souci permanent d’impliquer chacun dans la démarche, de le rendre actif et de le faire participer à sa propre évaluation. Dans la première règnerait la sélection drastique imposée par la règle du mimétisme identificatoire. Dans la seconde se construirait progressivement un modèle de réussite différenciée où chacun pourrait atteindre des objectifs différents mais d’égale dignité.

Amélioration à prévoir dans l’éducation du futur

Tous les enseignants doivent pouvoir bénéficier d’une formation de niveau universitaire dans la ou les disciplines qu’ils enseignent. Ils doivent également bénéficier d’une formation pédagogique. Il conviendrait de procéder aujourd’hui à une étude exhaustive des formes que prend cette dernière dans les différents pays. L’être humain est à la fois physique, biologique, psychique, culturel, social, historique. C’est  cette unité complexe de la nature humaine qui est complètement désintégrée dans l’enseignement, Il faut la restaurer, de façon à ce que chacun prenne connaissance et conscience  de cela.

L’identité professionnelle du métier d’enseignant doit être construite sur l’organisation, la régulation et l’évaluation des processus d’apprentissage des élèves et étudiants. Dans cette perspective, tout enseignement comprend trois éléments complémentaires : des outils de pilotage et d’évaluation des cursus d’apprentissages, un accompagnement individualisé des élèves et étudiants, un ensemble de situations d’apprentissage utilisant divers supports et mobilisant le plus grand nombre de ressources disponibles. L’activité enseignante est une activité éducative dans la mesure où elle contribue à l’émergence de sujets libres. Elle ne peut nullement être réduite à un ensemble de savoirs et de procédures dans le seul but serait de conformer des individus à un modèle normé. C’est pourquoi la mise en place d’un code de déontologie de l’enseignement est nécessaire.

Enfin, au regard des évolutions des sociétés contemporaines, il devient essentiel d’assigner clairement à l’école et aux enseignants des objectifs d’apprentissage aux principes fondateurs de la vie sociale : l’éducation aux Droits de l’Homme n’est pas une discipline d’enseignement supplémentaire, mais un principe organisateur de l’ensemble des enseignements.

Ermengardi Roussel

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